L'action internationale en faveur de la santé
Le domaine de la santé publique est un de ceux où la
solidarité entre pays s'est le plus manifestée. Quels sont les principes de
l'action internationale en matière de santé ? Quels ont été ses
résultats ?
1. Une politique ambitieuse
La création des Nations unies, au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale (1945), s'est accompagnée de la mise en place d'un
certain nombre d'actions internationales en faveur des droits fondamentaux
reconnus également à tous les hommes. Parmi les plus ambitieuses, on compte
celle qui consiste à assurer à tous le droit à la santé : il fallait
lutter contre de très grandes inégalités, entre pays riches et pays pauvres,
entre pays dévastés par la guerre et pays épargnés, etc.
Cette action fut cependant considérée comme une priorité
car :
— la santé est une condition de la dignité
humaine (des droits accordés à une personne trop malade pour les exercer ou qui
mourra prématurément n'ont pas de sens) ;
— les menaces contre la santé publique (la santé
de l'ensemble de la population) ignorent les frontières, en particulier les
épidémies qui se répandent très vite dans un monde aux techniques de transport
évoluées (l'intérêt de chacun est de protéger la santé de tous).
Les Nations unies ont confié la politique internationale
de santé publique à une structure spécialisée, l'Organisation mondiale de la
santé (OMS), qui s'est, depuis, chargée de piloter les actions les plus
importantes. Mais elle n'est pas le seul acteur dans ce domaine. La coopération
internationale, l'assistance des pays développés aux pays en développement,
comportent une aide technique où les médecins sont très présents. Les
associations de solidarité se sont aussi développées d'abord dans le
domaine de l'aide médicale aux populations les plus démunies.
2. Des actions nombreuses et un succès inégal
Les premières actions engagées dans les années 1950-1960
ont remporté de grands succès. Il s'agit surtout de la lutte contre les
maladies infectieuses : l'OMS a, non seulement choisi de les combattre
par des traitements, mais aussi de les éradiquer (de les faire disparaître
définitivement) par la vaccination. Pratique bon marché et facile, la
vaccination de masse a effectivement réussi à éradiquer une maladie épidémique
(la variole) et a contribué à la baisse très importante du taux de mortalité
dans le monde depuis 1945. Aujourd'hui encore, des instances internationales,
coordonnées par l'OMS, assurent la lutte contre les risques de pandémie
(épidémies rapides et massives) : stockage de doses de vaccin (contre la fièvre
jaune, par exemple), surveillance des maladies nouvelles (comme la grippe
aviaire dite « grippe du poulet »).
Mais cette politique se heurte depuis à de nouvelles
difficultés. L'épidémie de sida renforce à nouveau l'inégalité devant la
santé entre pays riches et pays pauvres : il n'y a pas encore de vaccin contre
cette maladie et les traitements existants sont très coûteux. C'est en Afrique
et en Asie du Sud-Est que l'épidémie fait le plus de victimes. Les moyens
simples de lutter contre le sida sont affaire de comportements (rapports sexuels
protégés, prévention de la toxicomanie) : la limite rencontrée par les
politiques internationales de santé publique tient beaucoup au fait d'avoir
surtout compté sur le progrès des techniques et pas assez sur l'éducation
à la santé, qui reste une pratique des seuls pays développés. Les problèmes
sanitaires à l'échelle mondiale montrent que la politique de santé est
indissociable des politiques scolaires et de la défense des droits de l'homme.
Beaucoup de ces problèmes, par exemple, sont aggravés par la trop rapide
croissance démographique dans les pays pauvres. Or, cette croissance est liée au
manque d'éducation et de liberté des femmes, qui ne savent pas ou n'osent pas
avoir recours à la contraception.
Pour cette raison, les maladies comme le sida ou encore
le paludisme sont au cœur des programmes d'aide au développement : lutter contre
elles est un des objectifs du millénaire approuvés en 2000 par les États de
l'ONU. Cette mobilisation n'a pas encore suffi à enrayer l'épidémie de sida,
mais a permis de faire sauter certains obstacles à une lutte efficace. Ainsi,
les pays en développement peuvent désormais utiliser des traitements anti-sida
moins chers en ne payant pas de droits aux entreprises pharmaceutiques qui les
ont inventés — ils utilisent à la place ce qu'on appelle des médicaments
génériques.
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